Extrait N°1: la vie ou la
mer
6h20:
Voilà déjà un quart
d’heure que j'ai quitté ma couchette. Dehors la tempête sévit toujours et une
houle violente ¾ ouest viens de surgir des fonds de l'océan et fait balancer le
navire dangereusement, impuissant face aux dieux, on se cramponne à la barre,
on s'accroche, on essaye de résister c'est un duel entre l'homme et l’élément.
Le ciel et la mer nous poursuivent depuis 5 jours, ils se sont physiquement
enchainés, le couple terrible fais trembler des récifs que nous ne voyons pas.
On va manquer de vivre, on a besoin de vivre, c’est une question de
survie. L’orage a déchiré la voile, on perd un pied ou deux par heure, et je
parle pas des requins. Nous ne sommes plus que deux à bord et on se relaie
toutes les 2 heures pour barrer sous une pluie Battante, un écart du gouvernail
nous ferais perdre un temps précieux. J’espère pouvoir atteindre la cote entier
ou au moins en vie.
6h48 je suis sur le pont
après un bref état des lieux, je remarque que tous les filets sont arrachés, il
reste une poignée de sardine qui n'as pas sombré dans l'océan. Pour pallier la
fin j’ai croqué dans l’une d’elle, le sel me brûle les lèvres, mais je m’en rends
à peine compte Même si l’on arrive vivant au port on n’y gagnera pas un sou.. Avec
toutes les réparations à faire, racheter des filets, une voile, déjà qu’avant c’était
pas glorieux, il vaudrait peut-être mieux que je me jette à l'eau mais j’en ai
ni le courage ni la force et je pense à mon partenaire qui essaye de s’endormir
malgré le bruit de l'orage et de l'eau sur ta tôle qui raisonne dans tout le
bateau il réussit à fermer l’œil malgré le chahut de la chaloupe. La barre est
glissante mais je ne peux pas la lâcher, nos vies ne tiennent qu’a ce bout de
branche de saule, je le tiens fermement entre mes doigts malgré toutes mes
entailles et mes ampoules, la fatigue, la faim. Je sens le gouvernail qui
s’effrite, l’eau et le sel le dévore depuis des années et voilà qu'il veut céder
au pire moment, je regrette de ne pas l’avoir changé avant, mais il est trop
tard pour songer au passé, il faut tenir, ne pas ce déconcentrer. J’écris pour
ne pas avoir à parler et réveiller mon camarade, je pense à lui qui dort
maintenant. J'imagine une mer sans vague ou les gens vivraient en paix. je vois
les poissons qui danse tout autour je pense à eux, à la mer, au sel au bois
pourri qui s’échappe entre mes mains, je pense à mon compagnon, je pense aux
vagues, je regarde les oiseaux qui n'arrive plus à voler, le vent les faits
danser involontairement un drôle de tango incontrôlable qui finira
effroyablement au fond d'un requin, ça me rappelle la guerre, je me rappelle le
bistrot le matin qui se réveille sur la plage, les mouettes qui mangent les
restes des poissons que l'on avait vidé la veille, je pense au bateau qui
tangue, je pense au port, les gens du port, les femmes du port, j’oublie tout,
mes compagnons le mer, les gens, le port, le bateau, le gouvernail, un dernier
soupir, je le lâche. Le bateau embrasse la mer. Mon compagnon ne se réveille
même pas.
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